Pique-nique en pyjama
Stanley Donen & George Abbott
lu, vu, entendu par FGrignoux - le 02/04/2011
Lorsque vous détestez écrire des coups de coeur, quoi de plus simple que de confier secrètement votre amour fiévreux pour l’oeuvre à un proche, de le laisser rédiger brillament une critique enjouée et de faire un copier-coller de son texte publié en ligne ? Rien de plus simple effectivement, d’autant que jamais il ne pourra vous attaquer pour plagiat puisque d’1, l’article qu’il a mis en ligne n’est pas signé et de 2, vous avez le même employeur. Ne reste plus ensuite qu’à ne pas utiliser de guillemets.
Imaginons donc maintenant qu’après une opération bénigne, vous soyez contraint de garder le lit, privant vos amis et collègues de votre légendaire sourire matois. Qu’allez-vous donc exiger de regarder pour passer un bon moment et oublier la fièvre passagère qui occupe votre front courroucé de rides ? (Rassurez-vous, vous ne les faites pas)
Un film de guerre ? Rompez !
Une comédie romantique ? Vous fatiguez.
Un film de science-fiction ? Mais vous êtes déjà un robot (travailler, manger, dormir : cela vous rappelle quelque chose ?).
Non : la plus belle récompense, c’est de voir (si vous êtes chanceux) ou revoir (si vous êtes lucide) en DVD cette comédie musicale sophistiquée, colorigène et pour tout dire day-mente qu’on appelle ici en France Pique-nique en pyjama mais que nos amis américains désignent, figurez-vous, à l’américaine : The pajama game. Cela sonne à nos oreilles comme un nom de code délirant, qui rappelle de vagues souvenirs de dortoir ou de couvre-feu, après accord parental fortement conseillé.
On a presque honte de vous confier cette histoire d’amour coton-flanelle mais les comédies musicales ont souvent sur le papier, cette allure un peu ringarde qui en deux ou trois coups de pellicule deviennent un joyau de sophistication et de franche rigolade sur l’écran.
Le nouveau directeur d’un atelier de fabrication de pyjamas tombe donc amoureux de la plus jolie de ses ouvrières. On dirait qu’on est dans les années 50, d’accord ? Et l’ouvrière en question est du genre syndical et arithmétiquement attachée à sa feuille de paie. Un patron sait-il embrasser ? L’amour est-il plus fort que la grève ? Quand on déduit toutes les cotisations de son salaire brut, reste-t-il un peu de place pour les bons sentiments ? Autant de questions pour un jeune doctorant en sociologie des cœurs.
Mise en garde.
Pique-nique en pyjama n’est pas un film d’anticipation.
Pique-nique en pyjama n’est pas le film détesté en secret par le grand patronat et porté au pinacle par les services spéciaux.
Pique-nique en pyjama n’est pas la critique acerbe d’une société hypermoderne qui devrait repenser son système de prélèvement fiscal.
Pique-nique en pyjama est tout bonnement une comédie musicale endiablée, fraîche et fouettée comme la crème des alpages dont on arrose la tarte tatin, le soir avant de s’endormir. C’est la comédie musicale comme en a rêvé, enfant, le grand Stanley Donen et comme l’a mise en jambes, le non moins distingué Bob Fosse.
Tropisme de la biologie, ces deux éléphants n’ont pas accouché d’une souris, croyez-moi ! Et leur film se laisse regarder et regarder encore avec un immense plaisir (il est temps, je pense, d’aller chercher votre tarte tatin et d’appeler vos amis).
Et pour finir en chanson, hein Tintin, notre karaoké spécial cinquantenaire, c’est à vous :
I’m not, at all in love, not at all in love, not I !
Not a bit
Not a might
Though I’ll admit he’s quite a hunk a guy
But he’s not, my cup of tea, not my cup of tea, not he !
Not an ounce
Not a pinch
He’s just an inch, too sure of himself for me………
(I’m not at all in love)
(Et maintenant que vous connaissez les paroles, voici le lien vers la vidéo non sous-titrée, avec la possibilité, si vous vous dépêchez de cliquer sur le bon pop-up, de bénéficier de 70% sur une manucure à Lyon grâce à un site d’achats groupés !!!)
Sinon, 2 ans plus tard, en 1959, était réalisé un autre chef-d’oeuvre méconnu d’un autre genre bien connu : La chevauché des bannis d’André deToth, dont vous pourrez lire ici un autre coup de coeur dont je pourrais être l’auteur. En tout cas, 2 chefs-d’oeuvre en 2 ans, on vivait une époque formidable !!
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