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L’odeur des arbres

Koffi Kwahulé

Une femme revient dans son village natal, en Afrique, après 20 ans d’absence. Elle souhaite se recueillir sur la tombe de son père. Elle veut revoir les siens, mais tout a changé.

La maison familiale a changé de place et le père a disparu. Son frère ne porte plus le même nom. Sa sœur change de trottoir quand elle la croise et le village est devenu une ville prospère.

Elle enquête sur la disparition suspecte de son père et sur la vente de la maison familiale qui empêchait le passage d’une grande route. Afin de sauver la ville de la sécheresse et de la famine, la grande route était devenue indispensable. Toute opposition à ce projet était à supprimer…

La pièce prend les traits d’un polar. Koffi Kwahulé nous plonge dans un huis clos. Le rythme est haletant. La pièce est aussi un face à face entre 2 sœurs et un drame familial.
La langue très orale, pleine de poésie et de lyrisme parle de l’Afrique. Le texte questionne le tiers monde et son développement, notre société capitaliste et l’impact de la globalisation. Il propose aussi une réflexion sur le retour au pays.

Koffi Kwahulé

Né en 1956 en Côte d’Ivoire, Koffi Kwahulé est à la fois auteur de théâtre, romancier, essayiste, comédien et metteur en scène. Depuis  1977, il a écrit près d’une trentaine de pièces de théâtre créées en Europe, en Afrique, en Amérique latine et en Amérique du Nord. Il a reçu le Prix Édouard-Glissant 2013 pour l’ensemble de son œuvre et en 2015 le Prix Mokanda.

Extrait

“Shaïne ?
Vingt et un ans déjà ! Il n’y a qu’elle à claudiquer comme ça. Du pied
gauche.
Shaïne est revenue ?
Dès le début, le point noir penchait légèrement à gauche. Tout comme
l’œuf. Tout comme l’orange. Et la première vision qui s’était imposée à
moi ce fut elle. Mais je me refusais ça.
Shaïne est revenue.
Un instant qu’elle se tient immobile devant moi, presque souffle à souffle.
Elle regarde le lac asséché ; elle le découvre. Elle regarde les maisons
alentour. Elle regarde les arbres. Elle me regarde, sans expression. Je dis,
puisque je sens qu’elle n’est pas partie pour dire quoi que ce soit, je dis ça
alors, si je m’y attendais ! Elle ne dit rien. Je dis Je t’ai vue venir de loin,
depuis le début. Elle ne dit rien. Je dis Alors ça y est ? Elle ne dit rien. Tu
ne peux pas savoir à quel point ça me fait plaisir de te voir là, je bredouille.
Elle ne dit rien, simplement elle ferme les yeux, colle presque son nez
contre le mien, comme ça, elle colle son nez contre mon nez, et respire
calmement, longuement, profondément comme pour renifler mon souffle,
comme ça.
Embrasse-moi ! Embrasse-moi, Na’aba !
Là ?
Ici, embrasse-moi ! Oh mon Dieu, Shaïne est revenue. Serre-moi fort dans
tes bras. Très fort. Serre-moi à en avoir mal aux bras. Beaucoup plus fort…”

Hélèna du département Arts vivants à la médiathèque de Vaise

Voir dans le catalogue de la BML

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