La Vogue des marrons, dernière grande fête foraine lyonnaise
Publié le 30/09/2008 à 23:00
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9 min -
Modifié le 30/09/2022
par
Admin linflux
En 1896, la ville totalisait 207 jours de vogues de Pâques à Toussaint. La première était programmée en avril et se tenait quai Claude Bernard. Il y en avait ensuite dans tous les quartiers . La dernière de l’année était celle de la Croix-Rousse sur le plateau. On y dégustait les premiers marrons de l’année et le premier vin blanc. D’où son nom de « Vogue des marrons ». Les baraques des forains envahissaient l’espace publique .
D’abord implantée dans la Grande rue, la vogue gagna le boulevard après la démolition des remparts en 1866. Les lyonnais s’y rendaient en famille pour profiter des nombreuses attractions qui leur étaient proposées. Manèges, tirs à la carabine, ménagerie, exhibitions multiples de phénomènes du genre humain et animal, lutteurs. On s’y régalait aussi de gaufres, de pâtés de vogue en forme de chapeau de gendarme et bien sûr de marrons grillés et de vin blanc…
- Marrons grillés…
- … contre barbe-à-papa
Cette manifestation qui est une institution – plus de 150 ans d’existence – se heurte depuis quelques années à des difficultés.
Les travaux du parking du Gros Caillou ont réduit son espace, la grogne des automobilistes devient chaque année plus forte. On ferme en effet pendant cette période le tunnel de la rue Terme, compliquant, pendant six semaines, la circulation automobile. Cette année la vogue a débuté le 4 octobre et se terminera le 11 novembre 2008. Les forains voudraient qu’elle soit plus longue.
Les élus la souhaiteraient plus courte ou dans un autre lieu, les riverains redoutent le bruit…seuls, les commerçants du boulevard, sont satisfaits.
- jusqu’à la nuit
Quoi de neuf en 2008
Après 2 ans et demi de travaux, le parking du Gros Caillou a ouvert en mars 2007. Il compte 440 places sur 4 niveaux.
La Lettre de Lyon-Parc-Auto de juillet 2007
Vogue de la Croix-Rousse : c’est parti pour cinq semaines, in Le Progrès du samedi 4 octobre 2008
Horaires
*lundis, dimanches et jours fériés : 10h à 21 h
*mardis de 16 h à 21 h
*fermeture les jeudis
*mercredis de 14 h à 21 h
*vendredis et samedis et veilles de fêtes de 10 h à 23 h
Le Progrès illustré, supplément du journal Le Progrès paraissant de 1891 à 1905, dresse un large panorama des attractions offertes aux badauds en 1892…
A la vogue du pont Lafayette
- Le Progrès illustré
Cette série de croquis pourrait s’appeler simplement « à la vogue », car les charlatans et forains qu’elle représente s’installent dans toutes les fêtes… Ce sont toujours les mêmes et seul le paysage change.
Voici d’abord la ménagerie Gandolfo où, suivant l’annonce du barnum, vous verrez, « la terrible lionne du Sahara qui dévora la jeune dompteuse âgée de 18 ans, à la fleur de son âge, telle qu’elle est représentée sur ce tableau…, et c’est son jeune frère, le prince Gandolfo, qui la remplacera ce soir…
Mais fuyez au plus vite l’odeur spéciale que
lesdits animaux ne manquent pas de répandre,
pour aller en humer une autre, tout aussi spéciale, celle de la friture. Les Dauphinois, amateurs de mattefins, les Lyonnais, amateurs de bugnes, ne la dédaignent pas, aussi est-ce avec anxiété qu’ils assistent à la confection de ces délicieuses spécialités par des pâtissiers aux casquettes énormes et appétissantes…
Nous voici maintenant devant l’homme le plus
chevelu de la terre, bien qualifié avec semblable enseigne pour vendre un élixir contre la chute des cheveux. Et je vous promets qu’il en vend, et il vous l’apprend lui-même ! « Dans toutes les grandes villes où je suis passé, dit-il, Chicago, Bornéo, Paris, Dijon, Venissieux et Marseille, .j’ai vendu des quantités considérables de mon admirable produit…,
et pourtant, je le vendais très cher… mais
comme c’est mon dernier jour et que je veux
que vous en emportiez tous à titre.de souvenir, je ne vous le vendrai pas, je vous le donnerai… »
Un chapitre dans l’ouvrage d’Emmanuel Vintrinier, La vie lyonnaise, intitulé Lyon forain, p.219 à 238.
On y décrit les différentes vogues de Lyon et des environs, les attractions, les forains et les badauds. Les dessins de Jean Coulon illustrent le texte.
Dès le commencement d’avril, traînant leur roulotte, ces forains sont arrivés du Midi, où ils avaient passé l’hiver en ville morte, et sont venus s’installer quai Claude Bernard, où se tient la première vogue de l’année ; de là, ils ont émigré à la Boucle, sont descendus à Perrache… puis se sont transportés quai de l’Est et boulevard du Nord, pour la vogue du Parc, ont passé le Rhône et la Saône pour se rendre à Vaise, traversé de nouveau les deux fleuves pour la vogue de la Guillotière, sont revenus à Perrache, pour la grande vogue d’août qui se tient cours du Midi, enfin ils sont montés à la Croix-Rousse…
Naquère encore, ils se rendaient, entretemps, place Sathonay, place Saint-Jean, quai des Brotteaux ; les vogues qui se tenaient sur ces trois points ont été supprimées, l’année dernière, par un ukase de M. Gailleton, parce que le vacarme empêchait les bourgeois de dormir.
Un chapitre du livre de Louis Gamichon Quand Lyon s’amusait , intitulé Fêtes baladoires et vogues, p.201-204.
Allons à la Vogue , par Jean Robert.
Les vieilleries lyonnaises , par Nizier Du Puitspelu. Un chapitre sur la « Vogue des choux » qui se tenait à Perrache, p.36-47.
Un article du Progrès daté du 13 octobre 2005, p.16 : Mais quel âge a donc la Vogue ?
Divers articles du journal Le Progrès
sur les difficultés actuelles rencontrées par les forains :
***30 sept. 2005, p.15 : La vogue n’est malheureusement plus attendue, mais redoutée.
***4 octobre 2006, p.8 : Vogue de la Croix-Rousse « Je t’aime, moi non plus »
***Pour terminer sur une note optimiste, un article du 9 octobre 2006 : Une parade joyeuse et colorée pour accueillir officiellement la vogue.
Pour en savoir plus sur le quartier de la Croix-Rousse et son histoire
Josette Barre La colline de la Croix-Rousse, histoire et géographie urbaine.
Josette Barre, agrégée de géographie, a conduit ses recherches dans neuf dépôts différents d’archives. Par l’analyse minutieuse de deux composantes essentielles du paysage urbain, le plan de voirie et la nature des constructions, elle nous permet de comprendre à la fois le caractère spécifique de l’un des quartiers les plus célèbres de Lyon et certains mécanismes de la genèse sur le terrain des villes du monde occidental depuis le XVIe siècle, notamment les logiques des lotisseurs et des constructeurs si souvent opposées à celles des pouvoirs publics…
Lyon des origines à nos jours : la formation de la cité, par Arthur Kleinclausz . tome III, chapitre II, p.275 à 312 intitulé La Croix-Rousse, Saint-Vincent et Saint-Clair.
Lyon : connaître son arrondissement, le 4e, par Jean Pelletier.
La Croix-Rousse à travers son histoire, par G. Rapin.
Une première partie retrace les temps forts de la Croix-Rousse, tour à tour sanctuaire, lieu de martyre et de prière, paradis fiscal,puis colline de la soie et, avec la révolte des canuts, un des hauts lieux de l’apprentissage de la démocratie. La deuxième partie est une promenade à travers la Croix-Rousse d’hier et d’aujourd’hui : vie sur les quais, itinéraires par traboules…
L’insurrection lyonnaise de novembre 1831 : le mouvement ouvrier à Lyon de 1827-1832 , par Fernand Rude.
A Lyon, ville de mono-industrie, les ouvriers en soie, les “Canuts” de la Croix Rousse, ne pouvant s’échapper vers différents métiers, avaient , plus qu’ailleurs, à souffrir des malaises économiques. Et là, bien plus tôt qu’ailleurs, unis par les mille liens de leurs souffrances et de leurs joies, les travailleurs devaient prendre conscience d’eux-même et de leur force…
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