Lyon se penche sur ses berges > le Rhône
Publié le 24/08/2008 à 23:00 - 63 min - Modifié le 30/09/2022 par Admin linflux
Jean Pelletier. Trois exemples d’utilisation de sites fluviaux : Edmonton, Montréal, Lyon. In Revue de Géographie de Lyon, 1982/3.
Liens
Les prisons de Lyon se font la belle (2009)
Du marché-gare de Perrache au marché de gros de Corbas : chronique d’un transfert annoncé (2008)
Port Edouard Herriot : la plaque tournante du trafic de fret en Rhône-Alpes ? (2008)
Morand et la place Lyautey (2008)
Miribel Jonage : le grand parc de loisirs (2006)
La Foire de Lyon, moteur de l’économie en région (2006)
et deux dossiers
Lyon se penche sur ses berges > le confluent, première période (2011)
Les mutations d’un parc urbain, la Tête d’Or (2009)
Eté 2008, le milieu du gué
Les aménagements de la nouvelle rive gauche du Rhône à Lyon ont été inaugurés pour la fête de l’Europe, le 9 mai 2007. 2008 est l’année charnière de la reconquête des berges : premiers ajustements, évaluation des derniers chantiers à mener sur cette rive du Rhône, sortie de terre de la première phase de la Confluence, cogitations sur les rives de la Saône…
3Champagne !3
En novembre 2007, lors du concours international des Liveable communities, soutenu par les Nations unis pour l’environnement, Lyon – première ville française à participer – remporte deux prix : l’Award de l’amélioration du paysage, avec le projet d’aménagement urbain des Berges du Rhône, toutes catégories de villes confondues ; dans la catégorie des villes de 200 à 700 000 habitants, la ville de Lyon est 2ème, derrière la ville de Malmö (Suède). Lyon est très bien notée sur l’ensemble des critères ce qui lui permet d’assortir sa deuxième place d’un Gold Award.
3Derniers aménagements, premières retouches3
Ouverture aux voitures le 15 août 2008 du parc Morand, place Maréchal Lyautey. Il compte 725 places. Le réaménagement des jardins se fera ainsi que Jean-Antoine Morand l’avait dessiné, avec davantage d’arbres (cf. La lettre du chantier du Pont Morand, avril 2008
Mise à disposition de points d’accès Wifi dans différents quartiers de Lyon, dont les terrasses de la Guillotière, réseau SFR. L’expérimentation entamée en décembre 2007 est prolongée jusqu’en octobre 2008.
Retenant l’avis des associations de personnes à mobilité réduite, le Grand Lyon a décidé de lisser la bande granuleuse longeant le fleuve : L’exercice a donc consisté à raboter la surface de la bande rugueuse de façon « à en adoucir les arêtes les plus proéminentes sans pour autant éliminer l’aspect dissuasif pour les rollers et cycles », dixit la communauté urbaine. Un réajustement que la Courly justifie par « la poursuite de la concertation ». Les associations de handicapés étaient en effet montées au créneau, une fois le chantier des Berges achevé. Dommage, cependant, qu’on ne les ait pas écoutées au moment de la genèse du projet. Une dépense supplémentaire de 91 784 euros HT aurait pu ainsi être évitée… (1) Dans le même esprit, 300 m² de pavés ont été supprimés afin de rendre également moins cahoteuses les promenades juvéniles, poussettes et tricycles.
Les berges bénéficient de l’amélioration globale de la propreté sur le territoire du Grand Lyon : La Chambre régionale des comptes de Rhône-Alpes avait dénoncé en décembre 2004, l’absence de toutes pénalités financières aux entreprises privées sous-traitantes de la collecte, pénalités dont le principe était pourtant acté dans les marchés. Depuis 2007, avec l’introduction d’une obligation de résultat (notamment sur les Berges du Rhône, réalisation phare de Gérard Collomb), la direction de la Propreté contrôle désormais le travail des entreprises. Il était temps. Et les syndicats du Grand Lyon s’en félicitent. Défaut de ramassage, mauvaise qualité du ramassage et manquements aux règles de sécurité se sont traduits, en 2007, à une sanction financière de 1,5 million d’euros, selon le Grand Lyon. (2)
Installation de 10 caméras pour la vidéo-surveillance des Berges : Lyon compte 2 680 caméras de surveillance dans les transports et 175 dans les rues. Originalité lyonnaise, a été créé en avril 2003 un Collège d’éthique, une commission extra-municipale composée d’élus mais aussi de membres d’associations, de commerçants ou de juristes, dont la première tâche a été de rédiger une charte d’éthique de la vidéo-surveillance, adoptée en 2004 . (3).
3Consécration touristique3
Depuis leur inauguration, les berges se sont imposées comme un nouveau lieu évènementiel…
Ecrin pour la Fête du 8 décembre
Lieu de rendez-vous privilégié pour la première garden pride, organisée à l’initiative du collectif lyonnais des « jardins partagés » le 10 novembre 2007 (4)
… mais aussi
Nouveau parcours attractif pour le Marathon de Lyon, qui s’est couru le 27 avril 2008, deuxième grande course à pied après Paris ou encore le Semi-marathon du patrimoine en septembre 2007
Les Berges bénéficieront du trafic touristique doux généré par la véloroute de Genève du Léman à la mer Méditerranée : un parcours de 700 km longeant le Rhône, à destination des promeneurs et des cyclistes. Le projet global est intégré dans le volet tourisme du Contrat InterRégional Plan Rhône 2007-2013. Depuis mi-2008, plus de 100 km répartis en région Rhône-Alpes sont déjà ouverts au public.
3Chantiers aquatiques à suivre…3
Les berges du Rhône sont concernées par un grand chantier aquatique, qui devrait aboutir fin 2010, début 2011.
L’aménagement du Centre nautique du Rhône : un projet de rénovation de la piscine du Rhône a été présenté en novembre 2007 par Thierry Braillard (5) , adjoint au sport. Il consiste à rendre baignable la piscine du Rhône toute l’année, en chauffant le bassin principal à l’aide de panneaux solaires, le plan préfectoral d’inondation interdisant de la couvrir (coût estimé : 30 millions d’euros). La patinoire en plein air, installée l’hiver place Bellecour, pourrait y trouver place à partir de 2010, de novembre à février.
3Demain, les rives de la Saône…3
En février 2008, alors que la campagne électorale bat son plein, Gérard Collomb, maire sortant, présente son programme (6) :
« Vous avez aimé les Berges du Rhône vous adorerez les Rives de Saône ». Gérard Collomb annonce « le projet le plus emblématique du prochain mandat » : « Poursuivre la reconquête des fleuves en développant un grand projet pour la Saône qui traitera des berges, des quais » et engager une réflexion pour retrouver « les liens qui unissaient les Lyonnais à la Saône »(7).
Les équipes du Grand Lyon estime sa mise en œuvre à une dizaine d’années. La Saône n’a jamais été un fleuve qui sépare. Elle a au contraire, du fait de son débit lent et calme, toujours joué le rôle de réunificateur » explique le maire de Lyon qui poursuit : « Elle était aussi un lieu de loisirs mais un certain nombre d’aménagements ont hélas coupé cette rivière de son environnement. Il convient d’en finir avec cette tendance . Avec l’appui des maires des communes riveraines, 14 kilomètres de promenades paysagées seront créés de Neuville-sur-Saône à la Confluence, avec piste cyclable à Fleurieu, sentier éducatif à Albigny, rénovation de l’écluse de Couzon, passe à castors à Rochetaillée (8)… A Lyon, la rive gauche de la Saône est propice à la construction d’estacades semblables à celles qui longent le Rhône au niveau de la piscine. Le flux automobile sera détourné des quais à Vaise pour longer la voie de chemin de fer.
Quid du stationnement ? Le parc Saint-Antoine, rénové, proposera 600 places, le nouveau parc Saint-Jean 800 places. Un nouveau parc de 500 places est en projet sous la Saône : 5 caissons préfabriqués de 18 mètres de largeur et de 150 mètres de longueur, placés dans le sens du courant, accessibles par des hélices, le niveau du sol se situant à 8 mètres environ sous le niveau d’étiage de la Saône (9).
Une première étape de cette requalification – le nouveau pont Schuman (10) – est lancée. Il devrait enjamber la Saône environ 200m en amont de la passerelle Mazaryk, au débouché de la rue de la Gare d’eau, afin de délester Vaise d’une partie de la circulation automobile. Les travaux sont programmés pour 2011-2013.
Les dernières nouvelles du projet :
Construction du pont Schuman, un nouveau franchissement de la Saône (février 2008)
Autour du pont…(février 2008)
Les prochaines étapes du projet (février 2008)
Avec la requalification des rives de la Saône, la fête des Merveilles pourrait connaître une nouvelle jeunesse. Cette fête était célébrée le 2 juin :
Toutes les processions de la cité se rendaient par terre jusqu’à l’église de Vaise où commençaient des prières. De là, le clergé de Saint-Jean s’embarquait sur la Saône, accompagné du clergé de Saint-Just, de Saint-Paul et des religieux de l’Ile-Barbe et d’Ainay, chacun dans leur bateau orné avec luxe et pavoisé de banderoles. Tous ensemble, à la suite les uns des autres, accompagnés de plusieurs barques d’escorte, descendaient la rivière en chantant matines et laudes ; après avoir passé le Pont-de-Pierre, les cinq églises se rangeaient dans un ordre différent, et continuaient ainsi leur route par eau jusqu’à Ainay où elles faisaient leur station, et baisaient dans le choeur la pierre de saint Pothin…(11)
Dernières publications
Le fleuve se découvre . Directice de publication, Corinne Tourasse ; conception éditoriale et coordination générale, Corinne Hooge ; conseil scientifique, Philippe Dujardin ; rédaction, Ivan Schneiderlin, Nancy Furer, Valérie Terrier, Emmanuelle Gauthier. Publication du groupe de travail Fleuve de la démarche Lyon 2020
Ce livre, fruit d’un travail collectif, invite aux retrouvailles physiques, mais aussi sensorielles, sensuelles de la métropoles lyonnaises avec ses cours d’eau dont la réalité apparaît de plus en plus proche aux yeux de ses habitants.
Espaces publics et usages au bord de l’eau.
Conférence du 8 février 2008, avec la participation de Jacques Rossiaud, Jacques Bethemont, André Micoud. Cycle “Les soirées fleuves”.
1) Sophie Majou. Les Berges du Rhône rabotées. In Le Progrès du 10 janvier 2008.
(2)Sophie Majou. « Critiqué, le Grand Lyon reprend en main la propreté » in Le Progrès du 10 novembre 2007
(3)« Sécurité : Lyon en pointe en matière de vidéo-surveillance », in Le Progrès du 6 juillet 2007
(4)« Garden pride, une première à Lyon » in Le Progrès du 10 novembre 2007
(5)Jérémy Laugier. « Piscines : l’équipe Collomb souffle le chaud et le froid », in Le Progrès du 23 novembre 2007
(6)Difficile de mesurer jusqu’à quel point la réussite du projet de requalification des berges a pesé dans la réélection de Gérard Collomb. Jacques Boucaud, journaliste au Progrès, estime qu’au-delà des alliances maladroites, une erreur de Dominique Perben a été « le dénigrement systématique de la politique menée par Gérard Collomb, alors que, dans les derniers sondages parus avant l’élection, 80% des Lyonnais plébiscitaient son bilan. Et surtout, 60% des proches de l’UMP approuvaient également les réalisations du maire sortant. ». Jacques Boucaud. Comment Collomb a terrassé Perben
(7)Laurence Bufflier. « Une longueur d’avance pour Collomb et ses « Rives de Saône » », in Le Progrès du mercredi, 20 février 2008
(8)Le Progrès, 25 septembre 2007
(9)Détails du projet dans Le Tout Lyon du 4 juillet 2008. Marion Madignier. « L’association Centre-Presqu’île aménage les berges de la Saône ». C.B. « Des caissons flottants, un procédé performant ».
(10)Un Point d’Actu ! consacré au nouveau pont : Un nouveau pont pour Lyon.
(11)« Vaise ». In Revue du Lyonnais, série 1 – n°20 ( 1844 )
La campagne au bord de l’eau : la nouvelle rive gauche
Les aménagements des berges concernent environ 10 hectares et 5 km sur la rive gauche du Rhône, du nord au sud, de la Cité internationale au parc de Gerland. Le 13 février 2003, In situ (paysagistes), Jourda (architectes) et Coup d’éclat (concepteurs lumière) ont été missionnés sur le projet par une commission réunissant élus et professionnels de l’aménagement urbain.
Panorama des berges. Présente l’aménagement des berges, zone par zone, depuis la Cité internationale jusqu’au parc de Gerland. A voir aussi en perspective.
Bien que l’ouverture officielle des berges au public ne soit prévue que le 9 mai 2007, jour de la Fête de l’Europe dont voici le programme, les lyonnais se sont déjà appropriés les 5 km de berges, ainsi qu’en témoigne le Superforum Lyon-urbanisme, riche en photographies au fil du chantier et réactions diverses.
Les festivités du 9 mai sont organisées par la Maison de l’Europe de Lyon et du Rhône.
La Maison de l’Europe et du Rhône fêtera en 2008 son cinquantième anniversaire. Indépendante de toute institution et politiquement neutre, elle est membre de la Fédération Française des Maisons de l’Europe (FFME) et du réseau européen EUNET… Depuis 2004, la Maison de l’Europe de Lyon constitue avec Europe Insertion Rhône-Alpes le pôle européen de Lyon et de Rhône-Alpes. Sa vocation consiste “à impulser et encourager le rassemblement de tous les acteurs qui conduisent et accompagnent des projets européens en Rhône-Alpes…”(7)
3Quelques documents3
Page consacrée au projet sur le site du Grand Lyon
Liste des publications du Grand Lyon sur le réaménagement des berges du Rhône. Depuis février 2005, le Grand Lyon édite en particulier Info Berges, dernier numéro mars 2007.
3Utiles3
La Péniche des berges du Rhône , lieu d’exposition et d’information sur le projet des berges du Rhône entre le pont Wilson et le pont Lafayette
tél : 04 78 71 08 54 – email : berges2006@glyon.org
Horaires d’ouverture : lesmercredis de 9h à 12h et de 13h à 19h, samedis de 13h à 19h, dimanche de 14h à 19h
VELO’V, site du service lyonnais de location de vélos.
5 jours de fêtes pour célébrer la reconquête des berges, 9, 12, 13, 19 et 30 mai !
3Rétrochronique de la bergitude3
6 au 15 juillet 2007 :la deuxième édition de Sous les arbres aura-t-elle lieu ? Elle avait remplacé en 2006 le Quai des guinguettes, pour cause de travaux.
L’année dernière, pendant la manifestation, la ligne de bus desservant la Cité internationale avait été interrompue, obligeant les clients des TCL à s’arrêter à la porte des Enfants du Rhône, au bout du boulevard des Belges. 900 personnes vivent à la Cité internationale et 3 000 y travaillent. Des espaces verts avaient aussi été dégradés.
Les riverains de la Cité internationale et du Parc de la Tête d’Or ont lancé une pétition.(8)
9 mai 2007 : ouverture officielle des berges au public pour la Fête de l’Europe.
C’est l’occasion pour la presse (9) de faire le point sur les incertitudes qui demeurent :
- l’avenir des “Boites belvédères”, pour lesquelles l’appel d’offres a été infructueux ( cf Des bas-ports à la promenade des rives, p.8 )
- l’aménagement des îles du Bretillod, dans le prolongement de la Cité internationale, où vivent une famille de castors
- l’avenir de la piscine du Rhône
29 avril 2007 (dimanche) : 22e Marathon de Lyon. L’itinéraire, plus fluide, évite Fourvière et emprunte les nouvelles berges.
15 mars 2007 : le Conseil municipal (1) vote à l’unanimité la dénomination des 12 secteurs des berges du Rhône ; ils porteront les noms de femmes proposés par les consulats européens, soit du pont Winston Churchill au pont de Chemin de fer (au sud du pont Gallieni) :
Avec le réaménagement des berges du Rhône, Lyon a développé un projet qui répond aux préoccupations que partagent de nombreuses grandes villes européennes : comment conjuguer métropolisation, densification, valorisation d’espaces naturels et douceur de vie. De là est née l’idée de rendre hommage aux femmes qui ont fait l’Europe et ont contribué à forger son identité et sa culture… Propos de Gérard Collomb, avril 2007. Le projet s’intitule Miroir de femmes au fil de l’eau .
- Grande-Bretagle : Berge Dame Ellen MacArthur (1976-), navigatrice
- Allemagne : Berge Marlène Dietrich (1901-1992), actrice, chanteuse
- Espagne : Berge Clara Campoamor (1888-1972), personnalité politique, avocate et défenseur des droits des femmes
- Italie : Berge Renata Tebaldi (1922-2004), cantatrice
- Portugal : Berge Amalia Rodrigues (1920-1999), chanteuse de fado
- Belgique : Berge Reine Astrid (1905-1935), reine des Belges de 1934 à sa mort
- Pays-Bas : Berge Aletta Jacobs (1854-1929), féministe, médecin
- Grèce : Berge Mélina Mercouri (1920-1994), actrice, chanteuse et femme politique
- Pologne : Berge Marie Sklodowska-Curie (1867-1934), physicienne française d’origine polonaise
- Danemark : Berge Karen Blixen (1885-1962), femme de lettres
- Suède : Berge Anna Lindh (1957-2003), femme politique
- Autriche : Berge Bertha Von Suttner (1843-1914), prix Nobel de la Paix en 1905
18 janvier 2007 : inauguration du parking de la Fosse aux ours, soit 446 places de stationnement sur 7 niveaux. 9 places sont réservées aux personnes handicapées, 16 places aux motards et 20 places aux vélos. Ce parking est exploité par Lyon Parc Auto qui poursuit la construction de cinq nouveaux parcs : le parc du Gros Caillou, le parc Lyautey, le parc Tony-Garnier et le parc P1 de l’aéroport Saint-Exupéry.
8 décembre 2006 : la partie centrale des berges aurait dû être inaugurée ce jour-là, mais la défaillance d’une entreprise l’a empêché. Rendez-vous au 9 mai 2007.
Novembre 2006, (à la Sainte-Catherine, tout bois prend racine) : 350 arbres ont été plantés à l’automne, de 35 essences différentes, aulnes, saules, frênes, ormes, peupliers, érables, féviers, tulipiers de Virginie, tilleuls, sophoras du Japon… Cf Ca pousse, numéro 6 d’Info Berges consacré à la végétation du site
16 novembre 2006 : le 6e Colloque fluvial européen du sud se déroule à Lyon. La requalification des berges ne s’y inscrit pas directement mais il va bienheureusement dans le même sens…
Objectif : rapprocher les projets rhodaniens des autres expériences européennes : s’enrichir des expériences des autres est l’une des principales vocations du sixième colloque fluvial européen du sud
L’aménagement des berges du Rhône à Lyon, l’approbation du « Plan Rhône »(2), ou la construction de la piste cyclable conduisant le long du fleuve, de Genève à la Méditerranée, constituent pour nous des démarches originales, des chantiers dantesques et des modèles de reconquête des vallées et des cours d’eau. En prenant un peu de recul, il s’avère que le « retour des fleuves » est un phénomène planétaire, conjuguant des problèmes d’aménagement, de développement de la navigation, de ressource et de qualité de l’eau. Il joue également un rôle important en matière d’essor touristique (notamment à travers l’engouement pour les croisières fluviales), de développement économique au bénéfice des populations riveraines, de préoccupations environnementales…(3)
Juin 2006 : Le Grand Lyon décide de faire appel au privé pour assurer l’entretien des nouvelles berges.
Avantage financier : une économie d’un peu plus de 600 000 euros, l’équivalent de l’embauche de 40 agents et d’achat de matériel spécifique si cette mission avait été internalisée. Mais attention, « 50 % de l’activité sera gardé en interne » se presse de préciser Gilles Buna, vice-président du Grand Lyon, différenciant bien les missions externalisées (entretien des espaces verts, des aires de jeux, des espaces ludiques ) et celles internalisées (éclairage public, fontaineries, interventions liées à l’eau, à la voirie, à la sécurité).(4)A suivre…
Mai 2006 : réalisation de l’estacade, en chêne blond, le long du centre nautique. Le projet a été conçu par les architectes paysagistes de l’agence In Situ, selon des techniques employées par l’entreprise Tournaud, qui a réalisé les aménagements autour du lac d’Annecy.
Avril 2006 : fermeture définitive de l’autoberge, petite autoroute urbaine qui relie le pont Winston Churchill au pont De Lattre-de-Tassigny. Place aux piétons, vélos et patins à roulettes.
12 avril 2006 : petite crue, le Rhône monte, les travaux des berges s’enlisent…
7 mars 2006 : coup de pelle inaugural du parking Lyautey, sur la partie sud de la place du même nom. Le parking doit ouvrir en novembre 2007. 725 places sur six niveaux, Lyon Parc Auto assure la maîtrise d’ouvrage, l’Atelier de la Rise en est l’architecte.
Février 2006 : présentation du projet d’aménagement des places Jutard et Raspail
Janvier 2006 : fin du stationnement sur les bas-ports du Rhône, avec la suppression de 550 places entre le pont de l’Université et le viaduc SNCF. Au total, 1 500 places de stationnement en surface auront disparu, compensées par les parcs de la Cité internationale (870+1166), la Fosse aux ours (446) et la place Lyautey (725).
Décembre 2005 : Lyon renforce la vidéosurveillance.
La Part-Dieu, la Cité internationale, les berges du Rhône. Le conseil municipal de Lyon a voté lundi soir pour l’extension prochaine de la vidéosurveillance sur ces trois sites.
Dix caméras seront installées sur les berges du Rhône entre le pont Lafayette et le pont de la Guillotière, dans le cadre du projet d’aménagement de la rive gauche du fleuve. Dix-sept caméras seront implantées sur les espaces publics de la Cité internationale, dans le 6e arrondissement. Lundi soir, le conseil municipal a aussi voté pour l’extension de la vidéosurveillance dans le secteur de la Part-Dieu. Une étude est programmée pour décider des lieux et des modes d’implantation.(5)(6)A suivre…
8 décembre 2005 : animation sur les berges avec cinq tours flashy, composées chacune de 12 containers fluo, (bleus, jaunes et roses), œuvre de l’artiste lyonnais Bernard Mans. Cf La plaquette intitulée Les tours des berges : fête des lumières du 7 décembre 2005 au 2 janvier 2006
Septembre 2005 : Gérard Collomb, maire de Lyon, donne le premier coup de pioche du chantier des berges.
Juillet 2005 : après 2003 et 2004, voici la troisième et dernière édition du Quai des Guinguettes, avant les travaux…
Avril 2005 : Entretien des berges : qui fait quoi ? Lancement d’une réflexion sur le dispositif à mettre en place.
Entre déchets et prolifération de plantes envahissantes, le nettoyage des berges du Rhône, qui revient au Grand Lyon, est aussi l’affaire de tous, mais il laisse à désirer. Une réflexion sur le dispositif futur est engagée avec le lancement du projet de réaménagement… Pourtant, un entretien régulier y est effectué. La compétence est partagée entre le Grand Lyon et l’Européenne de stationnement, une entreprise de nettoyage, dans le cadre d’une convention de superposition de gestion entre la Courly, la ville de Lyon et les voies navigables de France (VNF). Cet établissement public en charge de l’exploitation du domaine public fluvial effectue un entretien supplémentaire, pour permettre le libre écoulement des eaux en crue et la navigation… Mais sous l’oeil du naturaliste, on voit d’autres choses aussi graves, comme la profusion de la renouée du Japon, une plante impossible à éliminer. » La rive droite serait surtout touchée par les ordures et déchets, la rive gauche par les plantes invasives.
Février 2005 : installation dans le lit du Rhône de 74 ducs d’Albe, des pieux coniques destinés à sécuriser l’accostage des péniches, y compris en cas de crue, à éclairer les berges, à distribuer aux péniches le réseau électrique, téléphonique ainsi que l’eau, àinformer sur le niveau du fleuve. Cf Les ducs d’Albe, la première pierre d’aménagement des berges du Rhône , dossier de presse du Grand Lyon, février 2005.
(1)2007/7637 Dénomination des Berges de la rive gauche du Rhône à Lyon 3e, 6e et 7e, 15 mars 2007, in Bulletin municipal officiel de la Ville de Lyon, p. 511-512
(2) Le Contrat de projets interrégional Plan Rhône 2007-2013 s’articule en six volets : le patrimoine et la culture rhodaniens, les inondations, la qualité des eaux, la ressource et la biodiversité, l’énergie, le transport fluvial, le tourisme. Il a été signé à Lyon le 21 mars 2007. Cf site de la DIREN
(3) Développement durable : le « Plan Rhône » s’ouvre à l’Europe, article signé Germain Bonnet, inLe Progrès du 16 novembre 2006
(4) Berges du Rhône : le nettoiement confié à un prestataire externe, de Jean-Michel Lefèvre, in Le Progrès du 14 juin 2006.
(5) Lyon renforce la vidéosurveillance, de Franck Viart, inLe Progrès du 14 décembre 2005)
(6) Compte rendu de la séance du conseil municipal du 12 décembre 2005
(7) L’Europe fait la fête en mai à Lyon, par Yves Picard, in Le Progrès du 23 avril 2007.
(8) Cité internationale, une pétition, de Franck Viart, in le Progrès du 3 avril 2007.
(9) Les berges du Rhône inaugurées aujourd’hui, in le Progrès du 9 mai 2007.
Un second poumon pour la coulée verte : le parc de Gerland
Communément appelé Parc de Gerland, on le connaît aussi sous le nom de Parc du confluent, des berges du Rhône ou des Quatre rives. Lié à l’origine à la reconversion du 7ème arrondissement dans le cadre de plusieurs ZAC (Zone d’Aménagement Concerté), il doit cependant sa réalisation à l’attention portée aux rives du Rhône : pendant Sud du parc de la Tête d’Or, il sera relié à lui par la future piste cyclable des berges, formant ainsi l’aboutissement de la « coulée verte ».
3Un projet ancien3
Dès 1969, le plan d’urbanisme directeur de Lyon, dit « plan Delfante », contient un projet de plaine de jeux dans le secteur de Gerland. Il faudra cependant près de 20 ans pour que le projet soit remis à l’ordre du jour par Michel Noir. En 1987 en effet, l’incendie d’un dépôt d’hydrocarbures dans le port Edouard Herriot lance le débat sur la sécurité des installations industrielles en ville. Le Maire de Lyon propose alors de déménager le port fluvial et de transformer le site en un complexe alliant port de plaisance et site paysager (1). Michel Noir avait rêvé d’un second parc de la Tête d’Or : ce sera finalement, adossé au port Edouard Herriot, un projet moins vaste mais toujours ambitieux, l’aménagement des 80 hectares situés entre le Rhône, l’avenue Jean Bouin et l’avenue Tony Garnier.
3Du « Bois de Boulogne lyonnais » au rendez-vous des sportifs3
En 1996, le projet d’un parc à Gerland prend forme : dans le cadre de la reconversion du quartier, l’aménagement doit permettre de modifier l’image du lieu, devenu depuis quelques années le « Bois de Boulogne lyonnais »(2). Pour rendre aux sportifs ce secteur à problèmes, la Mairie de Lyon recherche un croisement entre espace naturel et équipement sportif. C’est l’architecte paysagiste Michel Corajoud, auteur de l’aménagement extérieur de la cité internationale, qui propose la réponse la mieux adaptée : à la vocation contemplative du parc de la Tête d’Or, il oppose la mission active et sportive du Parc de Gerland. Il fonde son projet sur l’équilibre entre les activités sportives de type associatif et l’ouverture à un public plus large et plus familial. Le territoire était dévalorisé et ses clôtures méchantes. J’ai voulu faire un coup par une modification brutale, radicale. J’ai opté pour une prairie, une grande étendue (…). Je résolvais ainsi la contradiction du projet : certains attendaient un parc type, les autres un parc de sport.(3)
32000 : une ouverture réussie3
Le 10 juillet 2000, Raymond Barre inaugure les premiers 17 hectares du parc, composés de trois grands secteurs :
- Un espace de loisirs organisés : il doit accueillir notamment un club de tennis et un skate-park conçu pour l’occasion : équipé d’un espace ” indoor ” de 1500 m2 et d’un espace extérieur couvrant 2400 m2, celui-ci figure parmi les plus vastes d’Europe.
- La plaine de jeux : une grande prairie de forme triangulaire qui descend jusqu’aux berges, répondant ainsi à l’idéal de la « coulée verte » qui doit relier le Parc de Gerland à celui de la Tête d’Or.
- Un jardin linéaire, la Mégaphorbiaie, situé en lisière de la plaine de jeux : le terme, qualifié aujourd’hui de « pédant et faux » par Michel Corajoud, désigne à l’origine un groupement luxuriant en hautes herbes. Au parc de Gerland, il désigne une série d’aires cultivées et organisées selon le modèle d’une pépinière. Rasés chaque année à la fin de l’hiver, ces jardins sont le témoignage de « tout ce que la nature peut faire en un an »(4). Le rôle des jardiniers dans la création de l’espace et dans son renouvellement est donc déterminant : ils effectuent eux-mêmes le choix des plantes et peuvent établir un dialogue avec le public. L’aspect pédagogique du projet trouve un complément utile dans la maison des Fleurs dont l’entrée donne sur la Mégaphorbiaie.
Le parc de Gerland n’est pas seulement pensé pour être écologique et éducatif : dès l’origine, la réunion de compétences a permis la conception de plusieurs installations ludiques et artistiques. A la limite sud du parc, le fog-system conçu par Jean Llorca diffuse un léger brouillard pendant la belle saison.
L’agencement esthétique de la Mégaphorbiaie atteste également de la dimension artistique du projet de Gerland. L’aménagement des jardins a été en effet accompagné par la composition d’un fond sonore par Pierre-Alain Jaffrenou et par une mise en lumière conçue par l’éclairagiste Laurent Fachard. A la tombée de la nuit, grâce aux illuminations, le parc se transforme en jardin chromatique : l’abandon, en cours du projet, du principe d’une ouverture 24h/24 a néanmoins fait perdre de l’intérêt au concept. L’éclairagiste lui-même exprime sa déception devant un parc éclairé « pour les lapins et les fleurs. » (5)
3Et depuis…3
La fréquence des animations et l’attrait du skate-park ont encouragé le développement et l’appropriation de leur troisième grand espace vert par les lyonnais. En juillet 2006, la deuxième phase de l’aménagement du parc prend fin. Elle comprend principalement la création de trois jardins, espaces de transition entre l’espace de loisirs et la plaine de jeux. Une série de petits espaces séparés par des haies est dédiée aux pique-niques en famille. Selon le même principe, « le jardin des gônes » est composé de quinze parcelles distinctes, ouvrant chacune sur un univers de jeux. Enfin, un jardin de 3000m2 abrite plus spécifiquement les oiseaux, auxquels il offre un lieu d’habitat et de développement privilégié.
L’autre objectif de la seconde tranche d’aménagement concerne la visibilité même du lieu : l’aménagement du boulevard Tony Garnier et de l’axe Jean Jaurès donne au parc une situation lisible au cœur du quartier de Gerland : la Tête d’Or possède enfin un alter ego, directement accessible par les berges.
3Quelques chiffres3
80 hectares : taille de l’espace situé entre le Rhône, l’avenue Jean Bouin et l’avenue Tony Garnier, équipements sportifs compris
20 hectares : taille réelle du parc aménagé par Michel Corajoud
4 230 000 euros : coût total d’aménagement du parc
350 espèces de végétaux et 18000 plantes dans la Mégaphorbiaie
3Voir aussi3
Les délibérations du Conseil Municipal pour l’aménagement de la première tranche et de la seconde tranche : délibéré et débat
Sur la seconde tranche des travaux, le site du Grand Lyon
Pour des images supplémentaires, le site de l’architecte paysagiste Michel Corajoud
Frédéric Félix et Pierre Delohen, « Lyon : un parc ranime Gerland » in Le Moniteur des travaux publics
, 8 juin 2001.
Pour des informations techniques sur la Mégaphorbiaie, Jardiner, le n°9-10 de la revue Carnets du paysage, p.322-360.
(1) Sur l’origine du projet, voir l’enquête de Stéphane Autran,
Les Infrastructures vertes à l’épreuve des plans d’urbanisme, publié par le CERTU, p.253- 257.
(2) Selon le mot de Marie-Chantal Desbazeille, alors maire du 7ème arrondissement, cité par Mario de Filippis, dans « 7ème : Gerland : trois phases et un parc », in Le Progrès, 13 mars 2007
(3) Propos de Michel Corajoud, in D’architectures, n°119, mars 2002, p.40-41.
(4) Propos de Michel Corajoud, in AMC, n°89, mai 1998.
(5) Propos de Laurent Fachard, dans « Un parc illuminé pour les lapins : le parc de Gerland ferme chaque soir mais reste éclairé la nuit », in Lyon capitale, 9 juillet 2003
La construction de la Cité internationale
3Un grand vaisseau immergé dans la nature (1)3
La Cité internationale est édifiée sur l’emplacement des anciens bâtiments de la Foire de Lyon, quai Charles-de-Gaulle, anciennement quai Achille-Lignon.
Sur l’histoire de la Foire de Lyon, voir aussi le Point d’actu’ intitulé La Foire de Lyon, moteur de l’économie en région.
De ces anciens bâtiments construits en 1918 par Meysson, architecte de la ville, il reste aujourd’hui une partie de l’atrium de l’ancien palais reconverti en Musée d’Art Contemporain.
La Foire avait quitté le quai Achille-Lignon pour Eurexpo, à Chassieu, en 1985, alors que l’installation du siège d’Interpol y était définitivement entérinée. Que faire des anciens bâtiments ? 1000 lyonnais avaient répondu en 1982 à une enquête(2) : 32,9% voulaient une extension du Parc de la Tête-d’Or, 20,5% un complexe sportif, 16,30% des terrains de loisirs, 10,70% un centre culturel, 9,1% des logements, 5,5% un complexe hôtelier… 9 architectes internationaux planchèrent lors du concours lancé en juillet 1985 : Renzo Piano et Richard Plottier en furent les lauréats. Il ne s’agissait pas de choisir un projet, mais des architectes coordinateurs d’une réalisation dont les principes étaient les suivants :
l’utilisation de la travée centrale du Grand Palais des expositions comme rue intérieure et de son prolongement sous des formes variées comme axe de composition en direction des Brotteaux et de Villeurbanne
la transparence de cet axe de composition pour une valorisation réciproque du Rhône et du Parc de la Tête-d’Or à travers le site
la localisation du centre de congrès à l’Est du Grand Palais…
l’introduction de quelques variantes dans l’architecture générale et notamment le traitement des berges du Rhône…
En 1988, le projet consistait à réhabiliter une partie des anciens bâtiments (60 000 m²) en les intégrant dans une véritable cité ouverte sur l’agglomération (148 000 m² de nouveaux bâtiments)(3).
3
La naissance de la coulée verte3
Michel Noir remplace Francisque Collomb à la mairie de Lyon le 24/03/1989. Renzo Piano présente alors une nouvelle mouture du projet avec une tour de 160 mètres de haut, dont la partie inférieure comprend le centre des congrès, la partie intermédiaire des bureaux et la partie supérieure un hôtel. L’ex-Grand Palais est destiné à être rasé. Contrairement aux engagements de la précédente municipalité, plusieurs centaines de logements « haut de gamme » sont proposés. Au cœur de ce nouveau projet, on trouve l’acte de naissance de la « coulée verte », avec 17 hectares de parc supplémentaires, prolongeant le Parc de la Tête-d’Or jusqu’au futur parc du confluent à Gerland :
Le parc de la Tête-d’Or devient un élément de continuité urbaine au même titre que tous les grands parcs dans toutes les grandes villes du monde… (5)
Sur l’histoire du Parc de la Tête-d’Or, voir aussi le Point d’actu’ intitulé Les mutations d’un parc urbain, la Tête d’Or
Un comité de défense du Grand Palais se constitue sous le nom de Collectif Achille-Lignon, soutenu par le parti de Verts du Rhône et des élus PS du conseil municipal (6), qui lance une pétition destinée à Jack Lang. L’objectif est d’inscrire le Palais à l’inventaire supplémentaire des Monuments historiques. Jack Lang bloque le permis à démolir le 17 septembre 1989, mais le Grand Palais ne sera pas classé. Seuls subsisteront la façade et de salon d’honneur de l’atrium avec ses piliers et ses frises. En février 1990, la tour de 160 m est ramenée à 135 m puis abandonnée. Puis deux tours jumelles apparaissent sur les plans, l’une de 140 m l’autre en face de 70 m, puis une seule tour de 90 m, abandonnée fin 1992 devant la crise de l’immobilier de bureau.
3Premier coup de pioche, enfin3
En septembre 1993, six nouveaux permis de construire modifiés sont signés pour 76 000 m², comprenant un nouveau palais des congrès, un hôtel de classe internationale, 14 salles de cinéma, 30 000 m² de bureaux, 1 500 places de parking. Le premier coup de pioche a lieu la même année, en même temps que ceux du nouveau périphérique nord et du tunnel sous Caluire. Et l’on commence l’aménagement des berges en parallèle : création d’un boulevard avec une ligne de transport en commun, un bas port paysagé aménagé en promenade avec des traversées piétonnes assurant le passage entre le parc et les berges, sous la conduite de l’architecte paysagiste Michel Corajoud.
Quelques dates :
1995 : ouverture du parking, installation des premières sociétés dans les immeubles de bureau, inauguration du Palais des congrès, inauguration du nouveau Musée d’Art Contemporain
1996 : la Cité internationale accueille le G7
1997 : ouverture du multiplex UGC Ciné-Cité
1999 : ouverture du Hilton
1999 : rachat par le Grand Lyon à la SPAICIL(7), filiale de Vivendi, qui s’était chargée jusqu’à cette date de l’aménagement du site, du Palais des congrès ; le Grand Lyon prend ainsi en main l’achèvement du projet
2000 : inauguration du casino du Hilton, Le Pharaon
2006 : inauguration de la Salle 3000
mars 2007 : la Cité internationale est nominée (mais non élue) parmi 83 autres projets, aux prestigieux MIPIM Awards 2007, dans la catégorie “Business Centres”.
Quelques chiffres :
première tranche : 80 000 m², Palais des congrès (5 000 m², bureaux 30 000 m², MAC 6 000 m², Hôtel et casino 20 000 m²
deuxième et troisième tranche : 144 000 m², logement et résidence hôtelière 50 000 m², bureaux et services 94 000 m²
total : 224 000 m²
Quatre maires auront œuvré au projet, fidèle en définitive au concept initial de Renzo Piano, un grand vaisseau immergé dans la nature : Francisque Collomb jusqu’en 1989, Michel Noir jusqu’en 1995, Raymond Barre jusqu’en 2001 et enfin Gérard Collomb inaugurant le 1er juin 2006 la Salle 3000.
Sur la Salle 3000, voir le Point d’actu’ intitulé le nouvel amphithéâtre de Lyon.
Voir aussi
Le site de la Cité internationale
Pages consacrées à la Cité sur le site du Grand Lyon
Un forum sur les grands projets urbains de Lyon, avec de nombreuses photographies
Site de l’architecte paysagiste Michel Corajoud
(1)Propos de Renzo Piano
(2) Que faire des bâtiments de la Foire de Lyon, in Le Journal du 24 avril 1982
(3)5 questions à Jacques Moulinier, adjoint à l’urbanisme de Lyon, in Pignon sur rue, n°65, 1986
(4)Une cité internationale pour Lyon, in Le Tout Lyon du 9 décembre 1988
(5)Propos de Renzo Piano. Cité internationale, le parc de la Tête-d’Or s’aggrandit, in C’est 9 à
Lyon, juillet-août 1989
(6)Foire d’empoigne politique autour du palais, in Lyon Libération
du 15 septembre 1989
(7) SPAICIL : Société privée d’aménagement et d’investissement de la Cité internationale de Lyon
Retour vers les années 80-90, et les premiers projets
3Lyon, ville fluviale3
Francisque Collomb est toujours maire de Lyon et c’est le nom d’une commission créée le 27 mars 1981 par les élus de la Courly (ancien Grand Lyon), présidée par Roland Fulchiron. Elle propose (1) :
- l’aménagement d’une base nautique et d’un port de plaisance sur le Rhône, près du confluent, en liaison avec le remodelage du quartier de Gerland
- l’aménagement paysagé de certaines berges du Rhône (et de la Saône), dont la Feyssine à Villeurbanne
- le lancement d’un service régulier de navigation fluviale touristique sur le Rhône (et la Saône) dont la gestion directe ou indirecte devait revenir aux Transports en Commun Lyonnais.
L’année 1982 est marquée par un ensemble d’expositions regroupées sous l’intitulé “Lyon au fil des fleuves” (2). L’aménagement du confluent fait l’objet de deux interventions qui convergent à la fois sur l’enjeu que représente ce site grandiose et difficile, qui au-delà de l’horizon urbain, s’inscrit toujours dans l’axe majeur de l’espace européen… (3) et sur les échecs successifs qui marquent l’histoire du confluent, parce que … sans doute, les espérances étaient-elles trop grandes et jamais moyen n’a pu être donné à ce quartier de s’intégrer à la réalité urbaine…. (4)
La liste des partenaires concernés par l’aménagement des berges ne cesse de s’allonger, qu’il s’agisse d’organismes divers (Chambre de commerce et d’industrie, Compagnie nationale du Rhône, Direction départementale de l’équipement , Agence de développement économique de la région lyonnaise, Conseil d’architecture d’urbanisme et d’environnement du Rhône…) ou des communes en bordure du fleuve, elles aussi soudain conscientes de l’enjeu majeur que constituent les berges, Pierre-Bénite, Albigny, Neuville-sur-Saône, Caluire, Villeurbanne… Enfin et surtout, la réflexion se globalise, s’enrichit désormais de la confrontation des questionnements lyonnais avec les expériences d’autres grandes villes, invitées à présenter leurs projets lors de colloques : Montréal et Torun (colloque du 13 et 14 mai 1985 (5).
3
La concession des berges du Rhône3
Au printemps 1985, le stationnement de bateaux de croisière, de promenade, péniches aménagées en logement prend un nouvel essor quai de Serbie, sur la rive gauche du Rhône, posant le problème de l’aménagement (sanitaire entre autres…) des berges. Car celles-ci sont propriété de l’Etat, seul habilité – via le service de la Navigation, organisme dépendant du ministère de l’Equipement – à percevoir une taxe qui n’est d’ailleurs nullement destinée à améliorer les conditions de vie des habitants du fleuve… qui refusent de payer. La Communauté urbaine de Lyon confie à la commission présidée par Roland Fulchiron la mise en forme du premier modèle en France de concession fluviale, d’aménagement et de mise en valeur, de l’Etat à une communauté urbaine. Par ce contrat de concession, dont la durée proposée est de 30 ans, l’Etat confie à la COURLY la gestion des conditions de vie des habitants du fleuve (autorisation d’amarrage, réglementation des techniques de branchement…) et l’aménagement des espaces publics au bord de l’eau. Les premiers travaux d’aménagement des berges, financés à 50% par la COURLY, sont décidés le 13 janvier 1987(6).
3Les Plans bleus3
Le 21 janvier 1991 (Michel Noir est maire de Lyon, Henri Chabert chargé de l’urbanisme), la Communauté urbaine de Lyon (COURLY) adopte à la quasi-unanimité le Plan bleu (7), un schéma directeur de renouveau de la vie fluviale et du réaménagement des berges élaboré par la Commission présidée par Roland Fulchiron et l’agence d’urbanisme de la COURLY. Il concerne 4 secteurs, le Val de Saône, le Rhône et la Saône dans la traversée de Lyon, le Rhône amont et le Rhône aval.
Ce premier Plan bleu vise « une véritable symbiose » avec les fleuves, et propose au cœur de la ville, sur les berges du Rhône…
des « emplatres » : Il paraît difficile d’entreprendre quelque chose sur les voies de communications implantées directement sur les rives, c’est-à-dire l’Autoroute du Soleil et l’Axe Nord-Sud [rive droite]. Les murs de béton gris représentent cependant une telle atteinte au paysage lyonnais qu’une solution doit être recherchée… Il reste possible d’envisager un habillage et quelques ruptures, c’est-à-dire des liaisons avec la Presqu’Ile. La plus évidente de ces dernières est en cours dans l’aménagement de la Place Antonin Poncet… Partout ailleurs, on en est réduit aux « gadgets », mais à des gadgets qui peuvent être efficaces… des plantes tapissantes peuvent descendre le long des murs…
la reconquête de la rive gauche du Rhône dans le secteur central : considérer cette longueur de rive comme un tout, régler le problème du stationnement, organiser des liaisons entre les places donnant sur les quais et le bas-port, implanter des activités ludiques, culturelles et de restauration, installer un mobilier urbain, réfléchir au problème de la piscine, tenir compte des crues…
des opérations de recréation des relations de la ville et des fleuves : ZAC du Port de plaisance à Gerland, le confluent
Un deuxième Plan bleu
est conçu en 1998, comme une évolution pragmatique et une marque de maturité de la démarche engagée il y a une dizaine d’années, avec trois objectifs : le développement des activités nautiques de toute nature, l’aménagement des berges pour les mettre à disposition des habitants, la préservation et la restauration du caractère naturel et patrimonial des berges.
(1) « Lyon ville fluviale : des projets ». In Bref Rhône-Alpes
du 1er avril 1981.
(2) Lyon au fil des fleuves. Exposition à l’ELAC, 15 juin-15 sept. 1982 ; au Palais Saint-Jean, 22 juin-31 juillet 1982 ; à l’Atrium de la Caisse d’épargne, 8 juin-31 juillet 1982 ; [catalogue réd. par Pierre Plattier, M. Nicolas, E. Hardouin-Fugier, E. Grafe, B. Chardère, E. Alfonso, Ch. Bisson] ; éd. scient. Fondation nationale de la photographie.
(3) « Lyon, génèse d’une confluence » par Jacques Bethemont in Lyon au fil des fleuves.
(4) « Le confluent, espoir et réalités » par Pascal Clerc in Lyon au fil des fleuves.
(5) Ville et fleuve : des villes à la reconquête de leurs fleuves : réflexions à partir des exemples de Lyon, Montréal, Torun. Actes des rencontres tenues à Lyon les 13 et 14 Mai 1985 ; organisées par la “Commission Lyon Ville Fluviale”, l’Agence d’urbanisme de la Communauté urbaine de Lyon, les “Rencontres Diagonales”…
(6) Bulletin officiel de la Communauté urbaine de Lyon– N°86-3070 – Aménagement urbain – Concession fluviale communautaire – Autorisation à signer le cahier des charges, mai 1986. N°87-3731 – Aménagement urbain – Concession fluviale communautaire – Remise en état des ouvrages concédés, janvier 1987.
(7) Le Plan bleu, Agence d’urbanisme de la Communauté urbaine de Lyon, 1992
Les années 70 ou la recherche d’une qualité de vie concertée
L’évolution des besoins et des désirs de la population nous a amenés à nous engager dans des directions nouvelles, l’une d’entre elles nous oriente vers l’amélioration du cadre de vie. J’ai créé à cet effet une délégation à l’environnement.(1) Ainsi s’exprime en octobre 1978 Francisque Collomb, qui a succédé à Louis Pradel en 1976.
La commission extra-municipale du cadre de vie et de l’environnement propose trois plans d’action : le premier se propose de limiter sinon réduire les nuisances accompagnatrices de la vie urbaine (lutte contre la pollution, préservation des sites) ; le second porte sur l’amélioration des paysages urbains, espaces verts et espaces aménagés, l’animation et l’accueil , le troisième, transversal, consiste à intervenir au sein des autres commissions municipales pour que la qualité de vie ne soit pas oubliée. La grande lessive des façades avait commencé en 1962 par les quais du Rhône et à partir de 1976 les quais de la Saône, dont le ravalement a été spectaculaire : au lieu d’être simplement nettoyées, les façades seront repeintes à l’italienne.
La concertation – avec la population et plus particulièrement avec les associations – est au centre du manifeste « Mieux vivre à Lyon… ». La concertation entre décideurs prend la forme d’une agence d’urbanisme pour la communauté urbaine(2). Cette agence créée en 1978 – une association du type loi 1901, dont le conseil d’administration compte 27 membres dont 20 représentants de la Communauté urbaine de Lyon (Courly) – se substitue à l’Atelier d’urbanisme lyonnais (AUL) créé en 1961 et dont la compétence d’abord lyonnaise s’était élargie en 1969 aux 55 communes de l’agglomération. La création de cette agence se situe à un moment de pause dans les grands travaux. Elle est une nécessité si la collectivité locale prétend obtenir une participation de l’Etat à ses études. Elle change le rapport de force entre Lyon et les communes de la Courly dont les élus critiquent la prédominance sans information et sans concertation de la ville de Lyon, surtout de son maire, Louis Pradel, et du directeur de l’Atelier d’urbanisme, M. Delfante. « Cette dégradation des relations de confiance ajoutée au fait que l’on tenait – et que l’on tient toujours – le directeur de l’AUL (un peu trop facilement d’ailleurs) pour l’unique responsable des « catastrophes » architecturales dénombrées ici ou là au cours d’une période de « boulimie bétonnière » a abouti à cette mise sur la touche. »(3).
(1) Mieux Vivre à Lyon, propositions pour l’environnement, 1978, éd. Ville de Lyon.
(2) Site de l’actuelle Agence d’urbanisme de l’agglomération lyonnaise
(3)Une agence d’urbanisme pour la communauté urbaine, par Bernard Elie, in Le Monde du 30 août 1978.
Les années 70 : Lyon, malade de ses fleuves ?
Dans les années 70, s’il est question des fleuves, c’est surtout pour évoquer le coût des ouvrages qui permettent de les franchir, en travaux à perpétuité semble-t-il.
Lyon est malade de ses ponts. Ils ont pu vous en citer un en bon état ? interrogent malicieusement les fonctionnaires de l’Equipement à l’adresse de leurs collègues de la Courly…Bref, pour une série variée et complexe de raisons l’ensemble des ponts de la ville cause un réel souci aux élus et techniciens… (1).
Voici les bulletins de santé de l’année 1979 des ponts qui enjambent le Rhône, du nord au sud :
Le pont Poincaré, partiellement détruit en 1944, dont la reconstruction a été terminée en 1952 : dégradations au niveau de la pile n°3 et nécessité de remplacer quelques caissons étanches…
Le pont Winston-Churchill, détruit en 1944, rafistolé en catastrophe en 1973 pour une durée de 5 à 6 ans… 40 millions de francs de travaux – le nouveau pont et 13ème sur le Rhône – sera inauguré le 20 décembre 1982.
Le Pont De-Lattre-de-Tassigny, en béton précontraint, construit en 1954, très sollicité car emprunté par les dizaines de milliers de lyonnais qui transitent par le tunnel de la Croix-Rousse : chaussée à refaire
Le pont Lafayette, construit en 1890, l’arche centrale a été détruite en 1944 ; en bon état général, mais la dalle de roulement et les trottoirs sont cependant en réfection
Le pont Wilson, construit pendant la guerre de 14-18, détruit partiellement en août 1944. Ce qui restait debout a beaucoup souffert. Le tablier du pont est en cours de consolidation depuis 1977.
Le pont de la Guillotière, construit de 1955 à 1958, nécessite des travaux de peinture
Le pont de l’Université, construit en 1903, partiellement détruit en 1944 : résiste bien, mais l’étanchéité est à prévoir en 1980
Le pont Galliéni : construit entre 1962 et 1965, ses joints de dilatation sont fatigués.
Le pont Pasteur, construit en 1923, entièrement détruit en 1944, reconstruit en 1955, se porte bien, mais il est sous surveillance.
Quant au pont Morand, terminé en 1976, c’est un mastodonte, à 7 mètres au dessus des eaux du Rhône dont il coupe la perspective. Ce benjamin résiste vaillamment aux vibrations du métro sur pneus qui passe dans ses flancs. Tant pis s’il est d’une extrême laideur, qui fera dire à Charles Delfante, directeur de l’Atelier d’urbanisme : Nous sommes tous consternés. Ca va faire un ouvrage énorme. Ce pont est la reproduction exacte du cours de Verdun. (2). Il avait en effet été décidé de ne pas faire passer le métro sous le Rhône en raison du coût des travaux.
Il était d’ailleurs miraculeux que Lyon, maudit par ses fleuves, puisse bénéficier de cet équipement : quand on avait demandé à Edouard Herriot si un jour Lyon aurait son métro, il avait répondu Non, d’abord ce serait trop cher, et, d’autre part, Lyon étant traversée par deux fleuves, le sous-sol est imprégné d’eau et on se heurterait à des difficultés insurmontables. Ce serait financièrement et techniquement impossible .
Il est question enfin, dès 1972, de relier le Rhône au Rhin, par un canal à grand gabarit, l’enjeu étant de connecter les ports maritimes du nord de l’Europe à Marseille. La Compagnie nationale du Rhône installe à Mulhouse un bureau chargé d’étudier la faisabilité d’un canal reliant Kembs-Niffer (hauteur de Mulhouse) à Saint-Symphorien sur la Saône (hauteur de Dôle), représentant 230 km environ de voie navigable et 272 m de dénivelée. Le canal sera mis à grand gabarit entre Niffer et Mulhouse et entre Montbéliard et Etupes, soit 4 km, mais la suite du projet ne sera abandonné par le gouvernement socialiste en 1997.
Lors du conseil des ministres du 29 mars 2006, Christian Estrosi, ministre délégué à l’Aménagement du territoire a demandé que le canal Rhin-Rhône soit inscrit parmi les projets bénéficiaires de la dotation de l’AFIT (3). Mais selon un article du Progrès du 27 mars 2007, intitulé “Vers une relance du canal Rhin-Rhône ?”, l’État n’ayant pas les moyens de mener deux grands chantiers de canaux de front, Rhin-Rhône a été éclipsé par le projet Seine Nord, qui doit relier l’Oise aux canaux du Nord, à partir de 2013. Cependant, le projet Rhin-Rhône pourrait ressortir des cartons, quand Seine Nord sera réalisé…
(1) Le bulletin de santé des ponts de Lyon, in Journal Rhône-Alpes du 29 septembre 1979
(2) Lyon, les constructeurs du métro se lancent dans l’urbanisme, par Françoise Vacher, in Le Progrès du 9 août 1975
(3) La relance du canal Rhin-Rhône : une “priorité” du gouvernement, in Le Progrès du 7 avril 2006
L’urbanisme à Lyon dans les années 60-70
3Bétonite…3
Lyon ne voit pas ses deux fleuves du même œil : la Saône reste le « vrai fleuve » jusqu’au XIXe siècle, car on peut y naviguer, on peut la traverser à gué en été, et l’étroitesse de son lit rend la construction des ponts facile. Mais le Rhône est l’ennemi, peu navigable et irascible : sa pente, supérieure à 10%, le transforme aisément en torrent, pour peu que la fonte des neiges se conjugue avec les pluies de printemps. Les inondations du milieu du XIXe siècle, celle de 1840 et surtout de 1856 – où le Rhône saccage sa rive gauche, envahit le village des Charpennes et le quartier des Brotteaux – seront la première cause du divorce entre les hommes et leurs fleuves. A partir de 1842, la ville de Lyon impose un nouveau modèle de quai en trois parties, sur le modèle de celui de la Pêcherie, sur la Saône : une esplanade haute plantée d’arbres pour la promenade (insubmersible), un mur vertical avec escaliers, un bas-port (submersible) sur lequel seront stockées les marchandises qui transitent par les fleuves, sable, charbon, etc. A partir de 1864, les quais normalisés par leur construction tripartite et l’emploi de la pierre de Villebois, tiennent à distance le fleuve.
Et le divorce est aussi économique, avec la concurrence du chemin de fer. La première ligne Lyon-Saint-Etienne, construite par tronçons entre 1830 et 1832, promet un coût de transport à la tonne divisé par 5… En 1858, la défaite de la batellerie est consommée : La navigation de la Saône et du Rhône est arrivée au dernier degré d’abaissement. Le Rhône voit, à peine, quelques vapeurs le sillonner. La Saône, plus pauvre encore, n’a qu’un seul service de voyageurs faisant la parcours de Lyon à Chalon .(1)
Succédant à Edouard Herriot en 1957(2), Louis Pradel, maire bâtisseur, entreprend dans les années 60 de combler les déficits en logements sociaux et de construire les équipements fondamentaux qui manquaient à Lyon pour devenir une grande ville européenne. Jusqu’à la fin des années 70, la ville connaîtra des crises de « bétonite aiguë », entrecoupées de périodes de rémission, interprétées ainsi (3) par Paul Scherrer, président de l’Union des comités d’intérêts locaux (UCIL), association fédérant une trentaine de comités de quartier répartis sur les communes du Grand Lyon :
…[Louis Pradel] n’était pas partisan d’une doctrine d’urbanisme au profit de laquelle il en rejetait d’autres. En fait, il était surtout sensible à l’opinion. On l’a vu ainsi faire des volte-face spectaculaires. En 73-74, il est passé du béton aux espaces verts simplement parce qu’il a senti que l’opinion ne suivait plus…. Lyon aura également ses rues piétonnes, bien que le maire y ait d’abord été opposé, ainsi que le stationnement payant, dont il ne voulait pas non plus.
3…et asphaltite3
Ce sont peut-être ces rebondissements qui font que les Lyonnais se passionnent pour l’urbanisme dans les années 70, par exemple pour la construction du centre d’échanges de Perrache, entre Saône et Rhône, un des nombreux projets dont l’objectif était d’adapter Lyon aux besoins modernes en général et à l’automobile en particulier. De toutes les réalisations des années 70, le centre d’échanges du cours de Verdun, entre Rhône et Saône, est sans doute celui qui suscitera le plus fort rejet.(4)
Cet équipement baptisé « Blockhaus du cours de Verdun », « Ligne Maginot de Perrache », qualifié par Charles Delfante, architecte de la Part-Dieu, “d’énorme mille-feuilles de béton rose et blanc de 250 mètres de long et 25 mètres de haut”, été rendu indispensable par le passage de l’autoroute Paris-Marseille (8 trémies souterraines) en plein cœur de la ville de Lyon. « Grâce à elle, on peut s’arrêter à Lyon, mais on peut aussi passer tout droit, sans un feu rouge. Il n’y a que deux villes au monde dans ce cas : Los Angeles et Lyon. » On raconte que Louis Pradel, auteur de cette citation, aurait pris cette décision le jour où il aurait appris que les marchands de nougat de Montélimar avaient perdu 90% de leur chiffre d’affaires à cause de l’A7 qui contourne la ville.
Lyon n’a pas oublié tout à fait ses fleuves, car les berges sont bien pratiques pour les voitures :
Au fur et à mesure de la croissance des besoins de circulation et du stationnement, les espaces bordiers des rives parurent les lieux commodes, car inoccupés et propriété de l’Etat, donc peu coûteux, pour établir des routes ou des parcs de stationnement… Ainsi voit-on apparaître des parcs de stationnement sur les bas-ports du Rhône et épisodiquement sur la Saône, empiétant sur le lit… Dans la même période s’installent des voies sur berge en amont du pont Winston-Churchill, puis sur la rive droite du Rhône les voies urbaines de l’axe nord-sud et l’autoroute A7… (5).
En revanche, ses fleuves n’ont pas oublié Lyon, mais inonder régulièrement parkings et voies sur berges n’est qu’une piètre consolation…
(1) Le Courrier de Lyon, 5 juillet 1858. Citation extraite de l’ouvrage de Félix Rivet, La navigation à vapeur sur la Saône et le Rhône (1783-1863). Paris : PUF, 1962.
(2) Les maires de Lyon…
du 03/11/1905 au 26/03/1957 : Édouard Herriot (1872 – 1957)
du 14/04/1957 au 23/11/1976 : Louis Pradel (1906 – 1976)
du 05/12/1976 au 23/03/1989 : Francisque Collomb (1910 -)
du 24/03/1989 au 24/06/1995 : Michel Noir (1944 -)
du 25/06/1995 au 24/03/2001 : Raymond Barre (1924 – 2007)
depuis le 25/03/2001 : Gérard Collomb (1947 -)
(3) Lyon : une décennie d’urbanisme. In Le Progrès du 2 janvier 1980
(4) Lyon, une décennie d’urbanisme. In Le Progrès du 1er janvier 1980
(5) Jean Pelletier, Trois exemples d’utilisation de sites fluviaux : Edmonton, Montréal, Lyon. Revue de Géographie de Lyon, 1982/3.
À lire également sur l'Influx
Poster un commentaire
One thought on “Lyon se penche sur ses berges > le Rhône”
Comments are closed.
multiplies (see also article