La grotte Chauvet-Pont-d'Arc
Les premiers européens
Publié le 27/06/2016 à 13:53 - 7 min - Modifié le 30/06/2016 par pylandron
Originaire du rift éthiopien, l'homme s'est répandu assez tardivement à travers le monde. Il s'installe en France il y a 450 000 ans environs. Dans la région rhodanienne, c'est surtout dans les gorges de l'Ardèche qu'on en retrouve la trace ; on y recense une forte concentration de grottes ornées (une vingtaine aujourd'hui) sur un territoire d'à peine 30 km de long.
Sommaire
1. L’homme aux temps paléolithiques
2. Le climat paléolithique
3. L’art paléolithique
4. Le berceau ardéchois
5. Bibliographie
1. L’homme aux temps paléolithiques
Originaire du rift éthiopien, l’homme s’est répandu assez tardivement à travers le monde. Il faut attendre homo erectus, apparu il y a 1.6 millions d’années, pour le voir peupler le continent africain [1]. Ce n’est que 600 000 années plus tard qu’il part s’installer en Europe et en Asie, via le Moyen-Orient, notamment en Indonésie où la plus forte concentration d’erectus est découverte (le fameux Pithécanthrope de Java).
L’homme de Tautavel (la caune de l’Arago, dans les Pyrénées orientales) est le plus vieux français connu (450 000 ans) : il appartient à l’espèce Homo erectus auquel succède il y a 200000 ans l’homo sapiens archaïque.
L’homme sapiens archaïque (l’ancêtre de l’homme moderne) aurait évolué en deux espèces il y a 100000 ans : d’une part l’Homo sapiens neanderthalensis, et d’autre part l’Homo sapiens sapiens.
L’homme moderne appartient à l’espèce homo sapiens sapiens : rien ne nous distingue intellectuellement ou physiologiquement d’un homme qui vivait au paléolithique supérieur ; seules nos cultures respectives nous rendent totalement étranger l’un à l’autre.
L’Homme de Neandertal qui a longtemps dominé l’Europe paléolithique n’a pas survécu à l’arrivée massive d’Homo sapiens sapiens sur le continent en 40000 avant notre ère : les dernières traces qu’il a laissées datent de 35000 ans en Asie centrale. Sa disparition n’est à l’heure actuelle toujours pas expliquée.
2. Le climat paléolithique
Le paléolithique supérieur se caractérise par l’installation en Europe de l’Homme moderne ; il débute 30000 ans avant notre ère, et se déroule au cours de la dernière ère glaciaire – dont la glaciation de Würm est la manifestation européenne – avec laquelle il prend fin il y a 10000 ans pour laisser place au mésolithique puis au néolithique. Durant cette période glaciaire, l’Europe se divise en trois grandes zones : une calotte de glace, l’ « inlandsis », en recouvre la terre ferme au nord d’un axe sud de l’Angleterre-Berlin ; au dessous, le « désert périglaciaire », recouvert de glace en hiver et d’une végétation éphémère proche de celle de la Russie du nord en été abrite peu d’animaux et donc pratiquement pas d’être humains : cette zone s’étend jusqu’au milieu de la France actuelle. La troisième zone, au sud de l’Europe, bénéficiait de condition de vie beaucoup plus clémentes, notamment dans certaines enclaves où le relief favorisait un climat plus tempéré, moins froid et plus humide. Il faut garder à l’esprit que le paléolithique supérieur a duré plusieurs dizaines de milliers d’années et qu’au cours même de cette ère glaciaire qui le caractérise, il a connu de sensibles variations de climat qui ont pu faire évoluer les conditions d’occupation des zones habitables.
Les barrières naturelles que forment les reliefs montagneux, enveloppés à l’époque au-delà de 1000 mètres par une chape de glace infranchissable, contraignent la circulation des hommes et dessinent plus ou moins l’occupation du territoire. Le niveau de la mer, 110 mètre en deça de celui d’aujourd’hui, trace les contours d’un continent étendu un peu différent de celui que nous connaissons – la Manche n’existe pas.
L’Homme se concentre alors pour l’essentiel en Europe centrale et dans une zone centrée sur les Pyrénées qui s’étend de la région cantabrique en Espagne à la Dordogne en France [2]. Le radoucissement climatique progressif qui caractérise le déclin de l’ère glaciaire à partir de -18000, permet aux hommes d’atteindre de nouveaux territoires, par exemple dans le Jura et les massifs subalpins, mais la répartition des populations en Europe reste assez parcimonieuse.
3. L’art paléolithique
L’art apparait chez cette vague sapiens sapiens de migrants, autrefois appelé Homme de Cro-Magnon, qui conquis l’Europe il y a 35000 ans : ce n’est pourtant pas la première manifestation culturelle de l’espèce humaine. C’est à Néanderthal que nous devons le franchissement d’une étape capitale dans l’évolution culturelle de l’humanité : les premières sépultures sont en effet l’œuvre de nos malheureux cousins éteints.
La culture humaine se manifeste avec éclat au paléolithique puisque c’est durant cette période, semble-t-il, que l’art y fait son apparition ; les paléontologues classe la lignée humaine du paléolithique supérieur en quatre grandes familles culturelles : l’aurignacien (-38 000 à – 29 000), le gravettien (- 29 000 à – 22 000), le solutréen (-22000 à -18000), le magdalénien (-17000 à -10000).
L’art affecte alors deux aspects bien distincts : mobilier, quand il concerne les objets transportables, qu’il s’agisse de décoration d’objets usuels (outils, armes, etc.) ou d’objets à vocation essentiellement esthétique (statuettes, etc.), et pariétal quand il s’exerce sur les parois des grottes, peinture, bien sûr, mais aussi gravure et bas-relief, voire sculpture.
L’art mobilier précède l’art pariétal : on en trouve de nombreuses traces chez les aurignaciens, alors que l’art pariétal y est plutôt rare. Cette rareté est malgré tout soumise à quelques réserves ; l’analyse de l’art préhistorique présente en effet de nombreuses difficultés : avant tout, ses vestiges en sont très parcellaires : on ne connait en tout et pour tout qu’environ 350 grottes ornées pour un art qui s’est exercé pendant plus de vingt millénaires. Il s’agit probablement d’un échantillon minuscule de ce qu’il fut vraiment, encore qu’on ne dispose d’aucun moyen de savoir dans quelle proportion : toute analyse sur des bases statistiques reste donc très aléatoire.
De plus, ne sont parvenus jusqu’à nous que l’expression « en dur » de ces manifestations artistiques : après 30000 ans, il ne reste rien de ce qui a pu être façonné dans l’argile, ou fabriqué à base d’éléments organiques : bois sculpté, tissus, etc. L’art pariétal lui-même a subi les affronts du temps : on distingue par exemple l’art pariétal « à l’air libre », souvent exécuté à l’endroit où les hommes séjournaient, de celui pratiqué en fonds de grotte, difficilement accessible et probablement doté d’une signification bien spécifique : cette dernière manifestation artistique a forcément bénéficié de meilleures conditions de conservations, et il est quasiment impossible de tirer la moindre conclusion quant à la proportion observé de ces deux formes artistiques. La seule image de peinture rupestre, effectuées sur les parois incertaines de grottes plongées dans l’obscurité, qui nous vient à l’esprit quand on parle d’art paléolithique est très insuffisante à en définir l’étendue.
4. Le berceau ardéchois
La région rhodanienne n’est pas particulièrement riche en vestiges d’art paléolithique : moins d’une cinquantaine de sites référencés, à peu prêt l’équivalent de ce que recèle le Quercy sur un territoire six fois moins étendu. Les conditions climatiques y sont, à l’ère glaciaire, défavorables : cependant, les gorges de l’Ardèche et du Gardon, avec ses vastes habitats de cavernes, ses sites de plein air situés en bordure de la vallée du Rhône, grand itinéraire de migration de rennes, de chevaux et d’aurochs, peuvent rivaliser avec la région cantabrique (Périgord, le Quercy,… ), considérée comme le creuset de l’art paléolithique.
Avant la découverte de la grotte Chauvet, chef d’œuvre incontestable de l’art pariétal, l’Ardèche se distinguait aux yeux des spécialistes d’art préhistorique pour deux raisons : d’une part, on y recensait une forte concentration de grottes ornées (une vingtaine aujourd’hui) sur un territoire d’à peine 30 km de long des gorges de l’Ardèche, et d’autre part, elle possédait parmi ces grottes celle qui, la première, révéla au monde moderne l’art de nos ancêtres.
C’est en effet en 1878 qu’un instituteur passionné de préhistoire, Léopold Chiron, digne représentant des pionniers de l’archéologie, signale, dans un article paru dans la Revue historique, archéologique, littéraire et pittoresque du Vivarais la découverte au cours de ses fouilles dans la grotte Chabot de curieuses gravures sur les parois. Sa découverte, faute de point de comparaison, n’est pas identifiée pour ce qu’elle révèle en réalité, et restera longtemps ignorée du monde scientifique. Il précède pourtant celui auquel on attribue la paternité de l’ « invention » de l’art pariétal, l’archéologue espagnol Marcelino Sanz de Sautuola à l’origine de la découverte de la fameuse grotte Altamira en Espagne, qui publia les résultats de sa découverte en 1880.
C’est la culture solutréenne (-22000 à -18000) qui est la plus représentée par les grottes ornées ardéchoises (grotte de Chabot, grotte du Figuier, la Tête du Lion, Les Deux Ouvertures,…) ; on y dénombre également un grand nombre de témoignage d’une occupation magdalénienne des gorges (Le Colombier, grotte de Chazelles, grotte des Deux Avens…), mais hormis Chauvet très peu de vestiges antérieurs au solutréen.
Si les grottes ornées d’Ardèche constituent un témoignage inestimable de l’implantation des populations humaines au paléolithique, aucune ne rivalisaient en terme de richesse, de variété et de technique avec les plus belles grottes de la vallée de la Vézère, des Pyrénées ou de la région cantabrique. Avec la révélation de la grotte Chauvet, l’Ardèche peut prétendre à une place de choix dans la Préhistoire mondiale.
Bibliographie
- Préhistoire de l’Ardèche de Jean-Louis Roudil.
- Grottes ornées de l’Ardèche : l’art des cavernesde Bernard Gély.
- La préhistoire de la Basse Ardèche : des gorges à Saint-Marcelde René Gilles.
- Préhistoire de Lussas et du Bas-Vivaraisde Henri Saumade.
- L’Art des hommes de Cro-Magnon dans la région rhodanienne grottes ornées et objets mobiliers de Solutré à l’Ardèche in Les Dossiers de l’archéologie ; No 161, juin 1991, p. 12-25.
- La grotte de la Combe d’Arc – La vie de nos ancètres il y a 20000 ans Edition spéciale Science et vie, Paris match, 1995.
- Hominidés, les évolutions de l’Homme.
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One thought on “Les premiers européens”
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zegt:Ook ik heb niets met wipstoeltjes; toch hadden we ze wel (dezelfde als jouw, ook bekleed met een leuk stofje) maar ze waren ook zo weer weg Zo te zien geniet Mus wel van zijn nieuwe zetel